Les petites miettes ?
​
Celles qui restent sur la table en fin de repas, d’une dînette et que l’on attrape d’un bout de doigt humide pour prolonger l’instant passé.
​
Celles qui subsistent accrochées au pull après une furtive gourmandise dans la rue, et que l’on récupère plus tard pour la remettre en bouche.
​
Qu’on nous dérobe à la volée pour partager l’éphémère d’une existence.
​
Celles qui nous observent et que l’on regarde parfois sans voir.
​
Comme ces petites traces d’après naufrage, presque invisibles, mais qui, si l’on veut bien s’y pencher deux minutes, deviennent des bouts d’histoires.
​
Témoins éparpillés des rencontres, fauteuses de troubles de l’espace et du temps, territoires en construction, débris, parcelles, poussière.
​
Celles que le monde abandonne aux plus démunis.
​
Celles qui, dans l’ombre, taillent la charpente de la survie.
Une compagnie, des compagnons...
​
Une compagnie toute fraîchement sortie de terre, composée de plants ayant déjà bien poussé, et animée de mutations étranges en forme de cour des miracles déchaînée.
​
“Autodidactes” disent certains, “Déjantés” affirment les autres. Frappadingues, bras-cassés, allumés, mais toujours ensemble.
À la question... “ Et vous avez fait quoi avant ? vous avez des CV ? ” … silence… puis tous se regardent...
et leurs sourires dessinent “ Bac + vie !” pour réponse.